Depuis le 16 octobre 2024, l’Égypte affirme une nouvelle fois son rôle central dans l’histoire et l’archéologie mondiale avec l’inauguration tant attendue du Grand Musée Égyptien du Caire (GEM).
À peine deux mois après son ouverture partielle, le musée, qui a déjà dévoilé 12 de ses principales galeries – soit 80 % de sa capacité totale -, s’impose comme l’une des institutions culturelles les plus importantes du monde.
Il aura fallu près de deux décennies – presque autant que pour l’édification des pyramides – d’ambitions titanesques et de défis logistiques pour transformer ce rêve en réalité.
Lancé en 2002, le projet du GEM avait pour objectif de construire le plus grand musée archéologique du monde, à seulement quelques kilomètres de la nécropole de Gizeh, symbole emblématique de la civilisation égyptienne. Une localisation hautement stratégique qui inscrit le musée dans la continuité historique du pays et célèbre le retour du patrimoine égyptien sur ses terres d’origine.
C’est à l’issue d’un concours international placé sous l’égide de l’UNESCO que l’agence d’architecture irlandaise Heneghan Peng a été choisie en juin 2003 pour concevoir l’édifice, collaborant dès 2016 avec l’Atelier Brückner pour la scénographie et les espaces intérieurs.
Si le budget initial était estimé à 550 millions de dollars, divers retards dus à l’instabilité politique, aux crises économiques et à la pandémie de COVID-19 ont porté la facture totale à plus d’un milliard de dollars. Après des années de reports, l’inauguration partielle en octobre 2024, qui fait suite à l’ouverture des parties commerçantes du musée en 2023, marque un tournant historique.
S’étendant sur 480 000 m², le Grand Musée Égyptien du Caire est un bâtiment moderne, lumineux et spacieux, construit avec des matériaux nobles et locaux, et doté de technologies de pointe. Sa façade triangulaire en marbre égyptien et en verre capte et diffuse la lumière du soleil, évoquant la structure des pyramides, tout en inscrivant parfaitement le musée dans son environnement.
À l’intérieur, un immense atrium couvert d’un toit de verre mène à un escalier monumental orné de statues antiques – un clin d’œil, sans doute, à la pyramide inversée du Louvre et son escalier de marbre couronné par la Victoire de Samothrace. Dans le hall, les visiteurs sont accueillis par une statue colossale de Ramsès II, haute de 11 mètres, qui donne le ton de la visite et renforce le lien entre le passé et l’avenir.
Tout près, on trouve des restaurants, une bibliothèque de recherche, un auditorium de 1 000 places, des laboratoires ultramodernes dédiés à la conservation et à la restauration des artefacts, et bien sûr, le cœur du musée : 12 galeries d’exposition qui plongent les visiteurs dans l’histoire de l’Égypte Ancienne à travers un parcours immersif et didactique, pensé pour tous les âges.
Au sein de ses galeries thématiques déjà accessibles, le Grand Musée Égyptien propose aux visiteurs de découvrir plus de 15 000 artefacts, allant des outils préhistoriques et poteries des premiers habitants du Nil jusqu’aux trésors de l’ère gréco-romaine, marquée par le règne de Cléopâtre.
Les collections du musée sont organisées autour de 4 périodes historiques et 5 thèmes principaux :
Chaque section explore des aspects variés de la vie en Égypte antique, des pratiques funéraires aux croyances religieuses, en passant par le quotidien des habitants et les grandes figures royales comme Ramsès II ou Hatchepsout.
Parmi les pièces emblématiques, le musée abrite une statue monumentale de Ramsès II, sculptée dans un seul bloc de quartzite rose, et qui commémore la victoire de Qadesh. Autrefois exposée au centre d’un rond-point de la capitale, à l’image de l’Obélisque de la Concorde érigé à Paris en 1836, la statue de 83 tonnes a été le premier objet à être transféré au GEM. On trouve également la momie de Toutankhamon, découverte par le célèbre archéologue Howard Carter dans la Vallée des Rois en 1922, et qui a permis d’étudier et de comprendre le principe de momification. Celle-ci est exposée dans une salle construite à l’image de la tombe originelle du pharaon, offrant aux visiteurs une expérience immersive et authentique.
En plus de son rôle historique et scientifique, le Grand Musée Égyptien s’inscrit dans une dynamique touristique et économique essentielle pour le pays.
Avec des infrastructures pensées pour accueillir 5 millions de visiteurs par an – le musée du Louvre, le plus visité au monde, en accueille environ 9 millions par an –, le musée ambitionne de devenir un moteur de développement pour la région du Caire et d’attirer l’attention des nouvelles générations. À l’instar de son homologue le Louvre d’Abu Dhabi, inauguré le 11 novembre 2017, le GEM souhaite faire rayonner le pays sur la scène internationale et s’inscrire sur la liste très prisée des « destinations culturelles à visiter au moins une fois dans sa vie ».
Son emplacement stratégique, entre le centre du Caire et la nécropole de Gizeh, permet aux visiteurs de coupler aisément leurs visites et d’approfondir leurs connaissances en égyptologie. Le site bénéficie également de l’ouverture d’un nouvel aéroport Sphinx International depuis 2023, offrant un accès direct à Gizeh, aux pyramides et au GEM, sans passer par la capitale.
Une fois entièrement ouvert, le Grand Musée Égyptien comptera au total plus de 100 000 objets, provenant de différentes origines comme la Vallée des Rois et des Reines, ou la Vallée des Artisans, toutes deux situées dans la région de Louxor. Il s’agira de la plus grande collection d’antiquités égyptiennes au monde.
Un espace supplémentaire sera dédié aux bateaux pharaoniques, et abritera notamment la barque solaire de Khéops, longue de 42 mètres (soit 2x la taille d’une baleine bleue !) et pesant 20 tonnes. Réalisée en cèdre du Liban, un matériau imputrescible, la barque était jusqu’ici exposée dans un musée dédié, situé au pied de la pyramide de Khéops à Gizeh, sur le lieu de sa découverte, en 1954, par l’égyptologue égyptien Kamal el-Mallakh. Elle se trouve dans un état de conservation exceptionnel.
Enfin, clou du spectacle, un espace entièrement dédié au trésor de Toutankhamon présentera l’ensemble du mobilier funéraire du jeune pharaon, décédé à l’âge de 19 ans, dont son célèbre masque funéraire. Réalisé en or massif, en cuivre et en argent, le masque est également orné de pierres semi-précieuses comme le lapis-lazuli, l’amazonite et la turquoise, faisant l’admiration de tous. Une collection titanesque de plus de 4 500 artefacts qui sera montrée pour la première fois dans son intégralité.
Si la date d’ouverture complète du Grand Musée Égyptien n’est pas encore connue, les autorités égyptiennes invitent les voyageurs à compléter la visite du GEM avec celle du Musée Égyptien du Caire, situé en centre-ville, et dont les collections seront progressivement transférées par la suite.
Le Grand Musée Égyptien accueille les visiteurs tous les jours :
Les billets peuvent être achetés en ligne ou directement dans le hall principal du musée.
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